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Présentation générale de l'escrime liechtenaurienne

Différence entre blossfechten et harnischfechten

Le traité Ms3227a commence par ces mots (traduction ARDAMHE) :

Voici de maître Liechtenauer l'art de combattre avec l'épée, à pied ou à cheval, sans armure ou revêtu d'un harnois

L'escrime de Liechtenauer est couvre à la fois le combat avec et sans armure, mais aussi à cheval (avec et sans armure).

Le terme allemand pour le combat sans armure est blossfechten. Elle s'oppose aux harnischfechten, l'escrime en harnois, en armure. Le combat à cheval est quant à lui appelé Rossfechten.

Je ne traiterai que du blossfechten, le combat sans armure, qui est la pratique AMHE la plus accessible (comptez 3000€ pour une armure et je ne parle même pas du cheval).

L'escrime en harnois a ses propres techniques pour combattre en exploitant les faiblesses de l'armure de son adversaire, c'est à dire les zones non protégée (visière, aiselles etc..). L'épée est souvent tenue en demi-épée, c'est à dire avec une main sur la lame, permettant de mieux viser ces faiblesses dans l'armure et d'avoir aussi plus de force pour les poussées.

L'escrime sérieuse et l'escrime pour le jeu

Le blossfechten tout comme le harnischfechten peuvent être pratiqué pour le jeu ou pour une affaire sérieuse.

Le jeu est lorsque la pratique est faite pour le plaisir, de manière ludique, sans intention de se blesser. Elle est pratiquée en salle, avec les gens d'une même communauté. Elle peut faire l'objet de compétition, de représentation publique.

Les affaires sérieuses sont toutes les formes de pratiques, duels, où son intégrité physique, sa vie, est engagée. Il n'est pas question ici de la guerre, qui est plus une affaire de tactique, de stratégie, où les talents individuels comptent moins que la capacité à combattre en groupe coordonné.

L'escrime Liechtenaurienne a vocation à pouvoir être pratiquée aussi bien pour le jeu que pour les affaires sérieuses.

Certaines techniques sont plutôt pour le jeu et d'autres plutôt pour les affaires sérieuses. En s'entrainant de manière régulière pour le jeu, pour s'amuser, on développe indirectement des compétences utiles pour les affaires sérieuses. Tout comme aujourd'hui, un boxeur, compétiteur, s'entrainant toujours avec gants et protège dent, saurait faire usage de ses poings en dehors de sa salle de boxe.

Extrait du Ms3227a (traduction ARDAMHE) : C’est pourquoi tu dois te reposer le plus possible sur ton bon sens et ton observation ; et tu dois t’y exercer par dessus tout lors des joutes ; ainsi apprendras-tu d’avantage en prévision du combat sérieux. Le lien entre la pratique ludique en opposition (les joutes / sparring / compétition), et son utilité pour le combat sérieux est clairement établie.

Extrait du texte de Sigmund Ringeck (traduction ARDAMHE) : En outre, tu pourras enseigner ce même art aux princes et seigneurs, qui seront victorieux lors du jeu et d’une affaire sérieuse

Extrait du texte de Peter Von Danzig (traduction ARDAMHE) : Retiens cela : il y a quatre placements de pointe qui appartiennent à l’escrime sérieuse

Il faut comprendre que les placements de pointe n'ont pas trop leur place pour le jeu à cause de leur dangerosité. Les estocs seront d'ailleurs interdits aux XVIème siècle, comme cela est expliqué dans le traité de Joachim Meyer.

Extrait du texte de Peter Von Danzig (traduction ARDAMHE), une pièce de lutte : ainsi peux-tu lui casser le bras ou bien, à ta convenance, le projeter devant toi, par-dessus la jambe gauche

Dans cette pièce de lutte, l'auteur propose de casser le bras son adversaire (ce qui n'est guère ludique), l'auteur propose alors de faire une projection au sol bien moins dangereuse.

Le Ms3227a nous décrit ce que doit être l'escrime sérieuse : une escrime simple, direct, rapide et à mesure (bonne distance), sans faire plusieurs coups avant son coup initial comme on pourrait le faire dans l'escrime de Joachim Meyer qui n'a pas vocation à être appliquée dans les affaires sérieuses.

Une escrime ludique et "consanguine" ?

On trouve dans la tradition Liechtenaurienne des techniques présentent dans aucune autre tradition, ex : le coup travers (zwerchau). On trouve dans cette tradition pas moins de 4 contres différents au coup travers (zwerchau). Cela signifie que les pratiquants de l'époque avaient conçu cette escrime en partie pour vaincre d'autres escrimeurs de leur même tradition.

Un autre exemple ce sont les coups de maîtres dont l'un des objectif est de pouvoir attaquer les gardes de la tradition Liechtenaurienne.

Un pratiquant liechtenaurien qui affronterait un pratique non-liechtenaurien ne serait certes pas démuni, mais une partie de son répertoire technique ne serait pas utilisable. L'escrime liechtenaurienne prend tout son sens lorsqu'elle est opposée à elle-même.

Offensive et perfection

L'escrime liechnaurienne nous évertue à prendre l'initiative, à attaquer le premier, et à maintenir l'adversaire sur la défensive jusqu'à réussir à le toucher.

A l'inverse, lorsqu'on est attaqué, Liechtenauer nous recommande de ne pas simplement nous défendre mais de contre-attaquer. C'est à dire de se défendre tout en portant une attaque.

Effectuer une contre-attaque sur l'attaque de son adversaire est bien plus difficile, car il faut à la fois bien se défendre et bien attaquer dans le même geste. Mal exécutée, une contre-attaque n'est rien d'autre qu'une défense ratée.

C'est pour cela que je pense que l'escrime Liechnaurienne décrit un idéal à atteindre, la perfection, mais que dans la réalité du combat il faut parfois faire preuve de pragmatisme et préférer une défense simple mais réussie à une contre-attaque ratée menant souvent à la double touche (lors que les deux adversaires se touchent mutuellement).

Nous ne savons pas à qui sont destinés les enseignements de Liechnauer, mais il est possible qu'ils s'adressent à des escrimeurs sachant déjà se battre (l'escrime commmune), et donc se défendre correctement, et à la recherche d'un perfectionnement. Dans cette optique, avant de rechercher la perfection dans votre apprentissage en tentant d'appliquer vainement les enseignements de Liechtenauer, peut-être faudra t'il apprendre des étapes intermédiaires pour vous défendre convenablement.

Joachim Meyer ne vient pas blamer les parades simples nous permettant de nous défendre sans porter de contre-attaque. A l'inverse il blâme les escrimeurs qui portent constament des attaques sans se soucier de leur défense. Toutefois conforme à Liechtenauer il nous dit de ne pas se contente d'attendre les attaques de l'adversaire mais d'être celui qui mène le combat par son offensive.

Organisation du traité

Les pièces du reccueil

Dans l'un des premiers chapitres du traité, les glossateurs font la liste des pièces qui composent l'escrime liechtenauerienne.

Voici le texte de Juden Lew (traduction ARDAMHE) :

Retiens qu'ici te sont nommées les véritables pièces maîtresses de l'art de l'épée longue.

Chaque pièce particulière est désignée par son nom afin que tu puisses la reconnaître et la comprendre encore mieux.

En premier lieu, retiens les cinq coups :

Item. Maintenant, retiens les pièces suivantes :

Ces coups et pièces sont donc au nombre de dix-sept.

Ci-après, tu les trouveras décrits dans l’ordre, ainsi que la manière de t’escrimer à partir de ces coups et pièces.

Les sections du traité

Les traités des glossateurs disposent d'un certains nombres de chapitres.

L'association ARDAMHE ayant traduit plusieurs traités a créé un document nomme "tetraptique", qui mets en vis à vis chaque chapitre de quatre traités ce qui permet d'en comparer le contenu.

L'association AMHE du Maine, s'est basée sur les travaux de l'ARDAMHE et a produit un texte synthèse faisant la fusion des texes des quatre traité en un seul texte. Dans cette synthèse, ils ont fait le choix de mettre des titres à chaque chapitre ou section. En voici la liste (Cliquez ici pour lire l'étude de ces sections :

Les 45 sections glosées

Section 0 : introduction à l'art de l'épée longue
Section 1 : conseils généraux au jeune chevalier
Section 2 : frapper correctement les coups
Section 3 : engager correctement le combat
Section 4 : frapper de son côté naturel
Section 5 : les cinq mots-clef de l'escrime
Section 6 : les cinq coups de maître (meisterhau)
Section 7 : les noms des coups de maître et des pièces maîtresses de l'art de l'épée longue
Section 8 : le coup furieux (zornhau) : frapper le coup furieux ; les premières pièces
Section 9 : le coup furieux et la rotation, les enchaînements à partir de la rotation
Section 10 : le coup furieux et la rotation : de la bonne manière de venir au conflit
Section 11 : le coup furieux et la rotation : du bon choix d'un des 3 vulnérants
Section 12 : le coup furieux et l'escrime aux 4 ouvertures
Section 13 : le coup furieux et la brisure des ouvertures par le doublement ou la mutation
Section 14 : le coup tordu (krumphau) : frapper le coup tordu
Section 15 : le coup tordu (krumphau) : le coup tordu contre les maîtres
Section 16 : le coup tordu (krumphau) : le coup tordu raccourci
Section 17 : le coup tordu (krumphau) : utiliser le conflit ; les rompures du coup tordu
Section 18 : le coup travers (transversal) (zwerchhau) : frapper le travers, les rompures du travers
Section 19 : le coup travers (transversal) (zwerchhau) : les pièces du travers
Section 20 : le coup travers (transversal) : frapper le travers au 4 ouvertures
Section 21 : le coup travers (transversal) et la feinte
Section 22 : le coup travers (transversal) et l'inversion
Section 23 : le coup travers (transversal) et la double feinte
Section 24 : le coup lorgnant (schilhau) : frapper le lorgnant
Section 25 : le coup lorgnant (schilhau) : le lorgnant et le raccourcissement de l'épée
Section 26 : le coup lorgnant (schilhau) : le lorgnant et la brisure de la longue pointe
Section 27 : le coup lorgnant (schilhau) : le lorgnant et la frappe de la pointe sur les mains
Section 28 : le coup crânien (scheitelhau)
Section 29 : les 4 gardes (hut / hutten)
Section 30 : les 4 parades (versatzung / versetzen)
Section 31 : contre les 4 parades
Section 32 : les placements de pointe (ansetzen)
Section 33 : le rattrapage (nachraisen) et la prise extérieure (aussere mynn)
Section 34 : le sentiment (fülen) et le même-temps (indes)
Section 35 : le rattrapage et l'utilisation de l'entaille (abschneiden)
Section 36 : le débordement (uberlauffen)
Section 37 : l'écarté (absetzen)
Section 38 : le changement à travers (durchwechseln)
Section 39 : la rétraction (zucken)
Section 40 : les traversées (durchlauffen) et les luttes (ringen) à l'épée
Section 41 : les entailles (abschneiden)
Section 42 : la transformation de l'entaille (verwandlung der schnitt) et les presse-mains (hende drucken)
Section 43 : les deux suspensions (hengen)
Section 44 : le parloir (sprechfenster)
Section 45 : les 4 suspensions (hengen) et les 8 rotations (winden)

Les ajouts

Si ces traités ont tous les mêmes constructions, certains traités ont aussi des ajouts. C'est le cas du texte de Sigmund Ringeck et de celui qui est dans le Ms 3227a.

Les ajouts de Sigmund Ringeck

Sigmund Ringeck fait les ajouts suivants dans son traité :

De plus son traité contient aussi 6 pièces à l'épée épée et bocle attribuées à Andres Lignitzer.

Les ajouts du Ms 3227a

A la fin du Ms 3227a on trouve (traduction ARDAMHE):

Ici débutent les pièces des autres maîtres. +, André le Juif, Jost von der Nyssen, Nicolas le Prussien.

S'en suit :

3 conseils :

Les pièces des autres maîtres :

Le Ms 3227a aborde de manière moins complète d'autres armes, à pied ou à cheval, avec et sans armure : bâton, dage et coutelas. Il existe aussi un chapitre de l'épée/bocle, mais il est vide et ne dispose que d'un titre sans texte.