Les AMHE
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Présentation
Voici comment la FFAMHE présente les AMHE :
« Les AMHE consistent en l’étude et la mise en pratique de traditions martiales européennes éteintes.
Ils s’appuient sur une démarche de reconstruction, la plus fidèle possible, des techniques et des systèmes d’arts martiaux à partir des sources historiques. Les AMHE s’insèrent dans un cadre de pratique moderne et sécurisé, ils utilisent pour cela des simulateurs et des protections adaptées.
Les AMHE couvrent une grande variété de pratiques martiales, sur une période qui s’étale de l’antiquité jusqu’au début du XXe siècle. Ils permettent ainsi d’étudier et de pratiquer de nombreuses armes, mais également des formes diverses de corps à corps, comme la lutte ou le pugilat. Les arts martiaux équestres, avec ou sans armure, y sont également rattachés. »
Il existe en France de nombreuses associations. Certaines s'intéressent aux combats de gladiateur, d'autres aux combats à la baïonnette, mais une grande partie d'entre elles se concentrent sur la période médiévale et renaissance. Certaines associations ne pratiquent qu'une seule discipline, alors que d'autres explorent différentes pratiques.
Sur cette application, vous trouverez des informations sur l'une des traditions martiales la plus pratiquée : la tradition allemande de Johannes Liechtenauer, qui se pratique essentiellement avec une épée à deux mains, l'épée longue.
Définition officielle par la FFAMHE
« Les Arts martiaux Historiques Européens couvrent l’étude historiquement démontrée de toutes les formes d’arts martiaux ayant existé en Europe depuis l’antiquité jusqu’à la fin de l’Histoire communément admise. Ainsi, les AMHE s’intéressent aux situations motrices employées au combat, armé ou non, à pied ou monté, dans le cadre de batailles, d’escarmouches, et de duels ou de jeux sportifs, tel qu’il était pratiqué, utilisé, et perçu, par les combattants et les maîtres d’armes, à travers l’histoire. Peuvent y être inclues, à titre de connaissances connexes, certaines formes d’armement ou d’engagement à distance, quel que soit le moyen de propulsion. En est exclue l’étude de l’art militaire. »
Démarche des AMHE et interprétations
La démarche des AMHE consiste en une succession d'étapes permettant la pratique de ces traditions martiales européennes éteintes. Une même étape, menée en parallèle par deux personnes différentes, peut donner un résultat différent. On parle d'interprétation car cela dépend d'un choix volontaire (et argumenté) ou involontaire.
- La source originale : En premier il faut trouver, découvrir la source de notre pratique : un ou plusieurs traités manuscrits ou imprimés. Leur numérisation et diffusion sur Internet permet l'accès à un grand nombre de sources.
- La transcription : pour les ouvrages difficilement lisibles, une transcription est indispensable. Cette étape consiste à recopier de manière lisible (sur ordinateur par exemple) le contenu d'un texte moins lisible, comme un texte manuscrit. Si certaines parties d'un manuscrit sont très peu lisibles, un même mot peut être transcrit de manière différente et donc avec un sens différent. Souvent les transcripteurs mettent en avant les mots sur lesquels ils ont des doutes.
- La traduction : pour les traités en langue étrangère, nous allons les traduire dans notre langue en se basant sur une transcription. A nouveau le choix des mots est important et sujet à interprétation. Certains mots peuvent être traduit non pas de manière littérale mais de manière à conserver le même sens (selon le traducteur). Deux traductions d'un même traité peuvent être différentes, surtout si elles sont basées sur des transcriptions différentes. Par exemple, l'association ARDAMHE qui a traduit plusieurs traités de la tradition Liechtenauerienne, a fait le choix de traduire le mot "Buffel" qui signifie "Buffle", par le mot "Bourrin" afin de conserver la même symbolique. Le coup "zwerchau" est parfois traduit en "coup travers", parfois "coup transversal", et les anglais l'ont traduit en "coup horizontal". Aussi une traduction peut faire le choix de moderniser les mots et la ponctuation pour rendre le texte plus compréhensible par des AMHEeurs débutants.
- L'interprétation du texte : à partir d'une traduction, nous allons les armes à la main tenter de comprendre et reproduire ce qui est écrit. C'est à partir de cette étape que la plupart des pratiquants d'AMHE démarrent leur travail d'interprétation. Cela abouti parfois à un foisonnement d'interprétations gestuelles différentes pour un même texte.
- La mise en pratique : une fois qu'une technique est interprétée, nous allons vouloir la travailler, la répéter, la maîtriser, la remettre en situation d'opposition dans des combats libres voire des compétitions.
Bien que semblant linéaire, la pratique d'une technique en opposition peut nous faire douter de son interprétation. Il peut-être alors intéressant d'aller vérifier la traduction voire la transcription pour s'assurer que ce n'est pas un choix antérieur qui nous pose problème.
Aussi certains traités ont été transcrits et/ou traduits plusieurs fois, par différentes personnes. C'est le cas par exemple du traité d'épée longue de Joachim Meyer qui bénéficie de deux traductions en français publiquement accessibles sur Internet (il semble en exister d'autres non publiées). L'une réalisée par Gaëtan Marain (et basée sur la transcription de Alexander Kiermayer) et l'autre par Thomas Rivière (et basée sur la transcription de Pierre Alexandre Chaize). Si certaines différences sont anecdotiques, d'autres changent davantage le sens du texte. Sans compter qu'une même personne peut ré-éditer sa traduction pour lui apporter des corrections et changement de sens.
Toutes ces interprétations font l'objet de riches échanges lors de stages ou de discussions sur Internet. Plusieurs interprétations viables peuvent ainsi coexister. Les pratiquants d'AMHE ont toujours à coeur de partager leurs points de vue et interprétations dans des vidéos que l'on retrouve sur Youtube, sur les forums comme celui d'AMHE on Web, ou dans le groupe Facebook "Communauté AMHE en France". Avec le temps et l'expérience, vous pourrez vous forger votre propre opinion (et vos doutes) en alimentant votre réflexion avec différentes sources d'informations.
Exemple : source originale, transcription et traduction
Source originale
Page numérisée extraite du Codex Wallerstein (Codex I.6.4º.2)
Transcription par Friedrich Dörnhöffer (début XXème siècle)
leng
Item so du mit ainem vichst und zu ihm kumst an das swert das ir paid an hapt gebunden so reck dein arm und dein swert lanck von dir un secz dich mit dem leib nider in dy wag und sich dastu leng und mass in dem swert habst so magstu arbaiten und weren alles das dain notturft ist dy leng das ist dastu hinter deinem swert stest und reckst dich dy mass ist dastu nider stest als hie gemalt stet und mach dich klain mit dem leib so pistu gross in swert
Der stannt im langen schwert Stendt 24 bar
Traduction réalisée par Philippe Errard (association ARDAMHE), en 2004 ou avant
Portée
Ainsi, lorsque tu te bats avec un homme et que tu lui viens à l'épée, c'est à dire que vous avez tous deux engagé, alors tends ton bras et ton épée loin de toi et abaisse ton corps dans la posture de la balance, et tâche de tenir compte de la portée et de la mesure à l'épée ; alors tu peux oeuvrer et te défendre en fonction de toute nécessité. Cela constitue la portée, qui consiste donc à se placer derrière son épée et à se tendre. La mesure consiste à se tenir abaissé, comme dessiné ici. Et tu dois te faire petit avec le corps afin de te grandir à l'épée.
La posture à l'épée longue 24 figures