Maîtres et auteurs
Vous manquez de temps ? Lisez juste la partie "Johannes Liechtenauer".
Johannes Liechtenauer
Johannes Liechtenauer est un maître qui aurait vécu entre le XIVème et le XVème siècle en Allemagne. Nous ne savons pas s'il a réellement existé ou s'il s'agit d'un mythe. En effet aucune source fiable ne nous ai parvenu : pas d'acte notarié ou juridique.
Les seules sources où figurent son nom sont des livres de combats écrits par des maîtres tels que Sigmund Ringeck, Juden Lew, Paulus Kal, Hans Von Speyer, Peter von Danzig, Joachim Meyer et biens d'autres.
Représentation possible de Liechtenauer dans le traité de Peter von Danzig
Les hypothèses vont bon train au sein de la communauté AMHE pour tenter de l'expliquer. Peut-être que ces escrimeurs souhaitaient pour mieux vendre leur savoir inventer ensemble un maître qui leurs aurait dévoiler ses secrets.
Voici ce qui est dit de lui dans l'un de ces ouvrages (Extrait du MS3227a, traduit par l'ARDAMHE) :
« Voici de maître Liechtenauer l'art de combattre avec l'épée, à pied ou à cheval, sans armure ou revêtu d'un harnois. Avant toutes choses dois-tu retenir et savoir que l'art de l'épée est unique. Découvert et inventé il y a des siècles, il constitue le fondement et le cœur de tous les Arts du Combat. Maître Liechtenauer l'a possédé et pratiqué de façon entière et véritable ; non pas qu'il l'ait inventé et découvert lui-même, comme dit précédemment, mais il a recherché et parcouru maints pays, poussé par le désir de connaître et de parfaire lui aussi cet art juste et véritable. »
Aussi Liechtenauer aurait écrit un poème, le Zettel, afin de transmettre son savoir aux princes, seigneurs chevaliers et écuyers. Et afin que son savoir ne puisse pas être compris de n'importe qui, son poème est écrit dans des mots secrets et hermétiques. Heureusement dans les différents ouvrages qui nous sont parvenus, les auteurs ont dévoilé les secrets du zettle.
On peut s'étonner que les élèves de Liechtenauer n'aient pas respecté sa volonté de conserver cet art secret. A moins que justement tout ceci ne soit qu'une technique pour ces auteurs de mieux vendre leur savoir.
Extrait du traité de Peter Von Danzig, traduit par l'ARDAMHE :
« Ici commencent les gloses et le commentaire du recueil de l’épée longue composé et créé par Johannes Liechtenauer qui fut un grand maître de l’art – que Dieu le bénisse. Parce qu’il n’appartient qu’aux princes, seigneurs, chevaliers et écuyers d’apprendre et de connaître cet art, Liechtenauer l’a fait écrire avec des mots secrets et hermétiques, afin que quiconque ne puisse l’appréhender et le comprendre. Il en a décidé ainsi à cause de ces maîtres d’escrime frivoles qui ne tiennent pas leur art en haute estime ; il ne souhaitait pas que son art fût divulgé et répandu par ces mêmes maîtres. Cesdits mots secrets et hermétiques sont éclaircis et commentés dans les gloses de ce recueil afin que tout homme puisse les entendre et les comprendre, et combattre autrement mieux. »
Vous avez bien de la chance !
Les héritiers de Liechtenauer : Glossateurs et continuateurs
Ainsi de nombreux traités font la glose du poème de Liechtenauer, c'est à dire qu'ils commentent et expliquent les mots mystérieux du zettel. Au sein de la communauté AMHE, on nomme ces auteurs les "glossateurs de Liechtenauer". L'étude des traités des glossateurs de Liechtenauer est la base de la pratique de l'épée longue selon cette tradition. Chaque glossateurs venant expliquer les techniques et principes avec quelques différences, la comparaison de leur texte rend l'étude de cette tradition très riche.
D'autres auteurs poursuivent la tradition de Liechtenauer, mais sans faire la glose du poème, c'est le cas de Joachim Meyer, Jörg Wilhalm ou de Paulus Hector Mair. Nous les qualifions donc de "continuateurs de Liechtenauer".
Une page du traité MS Dresd.C.487, folio 22r : un titre, le zettel, le mot "glose", et la glose.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le zettel.
Sigmund Ringeck
Pour des débutants qui voudrait lire un traité, je conseille de lire la glose de Sigmund Ringeck car elle est la plus courte et va à l'essentiel. Elle est donc la plus rapide et facile à lire. Il lui manque évidement de nombreux détails et précisions qu'on retrouve dans les traités des autres glossateurs.
Le Ms 3227a
Le manuscrit côté Ms 3227a est un traité qui fait la glose de Liechtenauer. (Remarque "Ms" est une côte signifiant "Manuscrit") Il a été attribué sans certitude à Hanko Döbringer, un curé, du fait que son nom apparaisse dans le traité. Il est parfois considéré que cette attribution est une erreur et donc que l'auteur est inconnu, anonyme.
Ce traité fait la glose la plus complète de Liechtenauer. C'est LE traité à lire pour qui voudrait approfondir sa compréhension de l'escrime de Liechtenauer. Si vous avez survécu à la lecture du traité de Sigmund Ringeck, il faut donc vous attaquez au Ms 3227a.
En plus d'expliquer les techniques, le Ms 3227a vient donner de précieux conseils pour bien mener ses combats. Sa lecture est plus fastidieuse, mais elle vous rendra assurément meilleur !
Gesellschaft Liechtenauer
Paulus Kal, vers 1460 dans le traité ayant pour côte CGM 1507, donne la liste de 17 maîtres d'armes, dont lui-même, appartenant à la "société de Liechtenauer" (Gesellschaft Liechtenauers). Plusieurs sont auteurs de leur propre traité.
- Peter Wildigans von Glacz
- Peter von Tanczk (Danzig)
- Hanns Spindler von Cznaym (Znojmo)
- Lamprecht von Prag
- Hanns Seydenfaden von Erfurt
- Andre Liegniczer
- Iacob Liegniczer, frère de Andreas
- Sigmund Amring (Ringeck?)
- Hartman von Nurenberg
- Martein Hunczfeld
- Hanns Pägmitzer
- Phylips Perger
- Virgily von Kracau
- Dietherich Degenvechter von Braunschweig
- Ott le juif, maître de lutte autrichien
- Stettner, le propre maître d'arme de Paulus Kal
Le Codex Wallerstein
Le Codex Wallerstein (Codex I.6.4º.2) est un livre de combat manuscrit rédigé en allemand, datant du XVème siècle, ont l'auteur est iconnu. Son contenu ne peut pas être rattaché à la tradition Liechtenaurienne : le nom de "Liechtenauer" n'y est pas cité et les techniques typiques de l'escrime Liechtenauerienne n'y sont pas présentes (par exemple l'absence des 5 coups de maîtres). Toutefois on y retrouve quelques techniques communes avec l'escrime Liechnauerienne (Winden, Zwerchau), et le Codex Wallerstein propose quelques enchainements techniques intéressants. Ces similitudes sont peut-être le fruit d'échange entre les maîtres d'armes de l'époque. En tant que pratiquant de l'escrime Liechnaurienne, je pense qu'il est intéressant d'y jeter un oeil. Le Codex Wallerstein est d'ailleurs entré plus tard en possession de Palus Hector Mair qui a annoté le traité en y mettant les noms de concepts typiques de la tradition Liechnaurienne (Vor, Nach).
Hans Talhoffer
Hans Talhoffer est l'auteur de plusieurs manuscrits sur le combat au cours du XVème siècle. On retrouve dans certains de ces traités le texte de la tradition Liechtenaurienne. Ses traités sont très bien illustrés, et peuvent aider à se représenter une technique de la tradition Liechtenaurienne.
Johannes Lecküchner
Johannes Lecküchner est l'auteur d'un traité de combat, mais traitant non pas de l'épée longue mais du messer/coutelat. Il reprend les principes, techniques et vocabulaires de l'épée longue de Liechtenauer pour les adapter au messer. Il est donc associé à la tradition liechtenaurienne même s'il ne traite pas d'épée longue.
Peter Falkner
A venir...
Hans Medel
A venir...
Jörg Wilhalm
Jörg Wilhalm est l'auteur de plusieurs traités du début du XVIème siècle (vers 1522 et 1523). Il est l'un des continuateur de la tradition de Liechtenauer. Ses traités furent achetés par Paulus Hector Mair.
Paulus Hector Mair
Paulus Hector Mair est le commanditaire de plusieurs traités au cours du XVIème siècle, de véritables compilations des savoirs martiaux de son époque. Il est l'un des principal continuateur de la tradition de Liechtenauer.
Joachim Meyer
Joachim Meyer est le plus connu des continuateurs de Liechtenauer, il a vécu au cours du XVIème siècle. Il est l'auteur de plusieurs traités, certains manuscrits d'autres imprimés.
Son escrime à l'épée longue est fortement inspirée de l'escrime Liechtenaurienne, mais de nombreuses différences demeures :
- certaines gardes ont changé
- certains coups ont changé
- il n'y a plus d'estoc
- c'est une escrime uniquement ludique
En effet à son époque il est mal vu de porter un estoc lors d'un affrontement en salle. L'épée longue n'est plus qu'une arme de pratique de salle.
Pour défendre sa vie, c'est désormais l'épée de côté qui est porté à la ceinture. Les traités de Joachim Meyer abordent aussi cette arme, nommée rapière. Il ne faut toutefois pas confondre la rapière de Joachim Meyer, avec les rapières du début du XVIIème siècle. S'il existe des similitudes, leurs formes, et donc leurs pratiques varient.
D'autres armes sont abordées par Meyer telles que le dussack (une sorte de sabre), le bâton ou la dague.
Continuateurs de Joachim Meyer
Après Joachim Meyer, l'escrime à l'épée longue ne bénéficie ni de nouvelles gloses, ni d'innovations de son escrime comme a pu le faire Joachim Meyer. Après Joachim Meyer, l'escrime à l'épée longue ne bénéficie ni de nouvelles gloses, ni d'innovations de son escrime comme a pu le faire Joachim Meyer.
Des traités vont reprendre le contenu de celui de Joachim Meyer comme c'est le cas du traité de Jacob Sutor, escrimeur et auteur allemand, publié en 1612. Les illustrations y sont modernisées avec des escrimeurs portant les vêtements du début du XVIIème siècle.
En 1679, c'est Theodori Verolini, un freifechter allemand qui reprend à son tour les enseignements de Joachim Meyer probablement via Jacob Sutor. Les illustrations y sont à nouveau modernisées avec les vêtements à la mode de l'époque.
L'escrime à l'épée longue fut probablement pratiquée assez tardivement en Allemagne. On retrouve des représentations de salle d'armes assez tardive, au cours du XVIIIème siècle, où se cotoient des pratiquants d'épée de cour et d'épée longue.
Peut-être est-ce Napoléon qui au cours de ses conquêtes fit fermer les corporations d'escrimeurs comme cela avait eu le cas en France au cours de la Révolution française. La pratique des armes devenant davantage de la responsabilité de l'armée ou de maîtres d'armes disposant de diplôme en bonne et dû forme.
Salle d'armes où épée longues cotoient épées de cour