Section 44 : Le parloir (sprechfenster)
J'explique ici le parloir (sprechfenster), le sentiment du fer (fulen), et le même temps (indes).
Le zettel
Fait le parloir: mets-toi franchement et examine sa matière. Frappe-le qu'il happe. Quand il se retire de toi, je te le dis pour vrai:* personne ne peut arriver à se protéger sans danger ! Si tu as appris correctement, il ne pourra que difficilement venir frapper.
Ms3227a (traduction ARDAMHE)
S’il advient que tu lies avec quelqu’un, ou bien si tu cherches à lui venir à l’épée, alors tu dois rester au fer puis tu dois tourner et tu dois aussi demeurer à son épée gaiement, de bon coeur, hardiment, et sans aucune crainte. En outre, tu dois observer avec précision, discerner, et escompter ce qu’il souhaite accomplir, ou bien voir la raison pour laquelle il n’entreprend rien contre toi. Demeurer ainsi à l’épée est nommé par Liechtenauer un parloir. Et quand tu te tiens donc là avec lui à l’épée, alors tu dois bien aviser et ressentir ses desseins, s’ils sont mous ou fermes ; ensuite tu dois te conformer à ce qui a été dit plus haut. Si jamais il s’est retiré de l’épée avant même que tu n’aies commencé, alors tu dois le suivre immédiatement et lui donner taille ou estoc – ce que tu peux effectuer de plus direct – avant qu’il ne puisse en venir à quoi que ce soit. Si, à l’inverse, il reste avec toi à l’épée, alors surveille toujours et avise s’il est mou ou ferme à l’épée. S’il s’avère qu’il est mou et faible, alors tu dois rapidement et bravement aller de l’avant, l’assaillir avec ta force en pressant et parant là son épée, et tu dois chercher ses ouvertures – à la tête ou au corps, là où tu peux venir. Si l’autre est ferme et fort à l’épée et veut presser avec force ou percuter, alors tu dois te faire mou et faible contre sa force, céder avec ton épée devant sa force et sa pression, et te dérober quand son épée frappe la tienne et poursuit sa course – comme cela a été traité auparavant.
Alors que tu t’es constamment approché de lui de façon à lui rester à l’épée, et que tu as dirigé la pointe contre lui, s’il retire l’épée, alors avant qu’il ait le temps de poursuivre avec un coup et de donner celui-ci, avance immédiatement ta pointe.
Puis, au moment où – ou pendant que – cela se produit, avant qu’il n’ait le temps de se rattraper et d’en venir aux tailles ou estocs, tu dois toi-même percevoir les ouvertures et les attaquer avec tailles, estocs ou entailles, là où tu peux le toucher au plus sûr – d’après la leçon précédente – avec célérité et courage, de façon à ce qu’il ne puisse jamais en venir aux coups. Voilà pourquoi Liechtenauer dit :
"je le dis en vérité, aucun homme ne se défend sans danger ; comprends-tu cela, aucun ennemi ne t’en viendra-t-il aux coups."
Avec ce vers, il explique que nul ne peut se protéger sans danger ou sans dommage ; c’est ce que tu as appliqué dans la précédente leçon lorsque tu lui a gagné le coup initial et que tu as fais tout cela ; dans ce cas il doit toujours se défendre ou se laisser battre. En outre, lorsque tu fais le coup initial – que tu touches ou manques – alors tu dois faire le coup d’après rapidement et dans le même mouvement, avant que l’autre n’ait le temps d’en venir au moindre coup. En effet, lorsque tu veux donner le coup initial, alors tu dois donner le coup d’après dans une seule pensée ou intention, comme si tu voulais les effectuer tous deux en même temps – si c’était possible. Voilà pourquoi il dit : "avant, après, ces deux éléments, etc." ; ainsi, lorsque tu donnes le coup d’avant – que tu touches ou manques – donne toujours en un seul mouvement le coup d’après, promptement et rapidement, de façon à ce qu’il ne puisse en venir aux coups.
Tu dois donc faire en sorte de venir toujours avant l’autre dans toutes les choses de l’escrime. Dès lors que tu arrives avant lui et gagnes le coup initial, alors lances immédiatement le coup d’après. Tu ne dois donc jamais donner le coup initial sans aussi donner le coup d’après, avec raison et courage, de manière à être constamment en mouvement, sans hésiter ou atermoyer – au contraire, il faut toujours effectuer l’un après l’autre avec promptitude et célérité, de façon à ce que l’autre n’en vienne à aucune chose. En vérité, si tu fais tout cela, alors autre doit être particulièrement bon pour se retirer de devant toi sans dommage. Souvent il advient qu’avec ce même art, ou avec l’avantage, un paysan ou un ignorant batte un bon maître parce qu’il a lancé le coup initial et continue à assaillir ; en effet, il est si facile d’oublier que le même-temps permet de toucher, qu’on peut se faire humilier et battre. Celui qui observe les coups de l’adversaire et attend pour se défendre, est en plus grand danger que celui qui lui frappe dessus et gagne le coup initial. C’est pourquoi, fais en sorte d’être le premier en toutes choses de l’escrime, et viens lui toujours sur le côté droit ; ainsi seras-tu dans une situation plus sûre que lui.
Sigmund Ringeck
Du Parloir.
(.. ici le zettel ..)
Glose. Retiens ce qu'on appelle le parloir : quand il te lie à l'épée avec un coup ou une parade, alors reste ferme avec les bras tendus, le long-tranchant à son épée et la pointe à son visage, tiens-toi librement et examine [ce qu’il fait] et ce qu'il veut exécuter contre toi ; s'il te frappe alentour en [quittant] l'épée avec un coup de haut, alors lie-lui avec force son coup avec ton long-tranchant en haut dedans à la tête. Ou s'il frappe alentour avec un transversal, alors tombe lui sur les bras avec une entaille supérieure. Ou rétracte son épée à lui et veux t'estoquer dessous, alors rattrape-le à l'épée et place-lui [la pointe] en haut. Item. S'il ne veut ni se retirer de ton épée ni frapper alentour, alors oeuvre à l'épée avec les doublements et avec d’autres pièces, suivant que tu éprouves la mollesse ou la fermeté à l'épée. Retiens maintenant ce qu'on appelle la longue pointe.
Retiens ceci : lorsque tu viens à lui pendant l'approche, alors place ton pied gauche devant et tiens-lui la pointe avec les bras tendus au loin, contre le visage ou la poitrine. Te taille-t-il de haut en bas à la tête, alors tourne l'épée contre son coup et estoque-le au visage. Ou bien, s'il te taille de haut en bas ou de bas en haut à ton épée et veut chasser ta pointe, alors change à travers et estoque-le de l'autre côté à l'ouverture. Ou alors, s'il atteint avec le coup ton épée avec force, alors laisse ton épée happer alentour de l'autre côté ; ainsi le toucheras-tu à la tête. S'il te fait une entrée, alors lutte ou effectue
Peter von Danzig
Retiens maintenant le texte et les gloses du parloir.
(.. ici le zettel ..)
Glose. Retiens ce que tu as entendu précédemment, c’est-à-dire comment tu dois te tenir avec l’épée devant [l’adversaire] dans les quatre gardes à partir desquelles tu dois t’escrimer. Tu dois également savoir que le parloir est également une garde dans laquelle tu peux te tenir avec sécurité, et cette garde est la longue pointe qui est la plus noble et la meilleure ; celui qui sait s’escrimer convenablement de [cette garde] à l’épée pourra, à sa merci, forcer [l’adversaire] à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant la pointe, en venir aux coups ou aux estocs.
Place-toi donc dans le parloir. Lorsque tu viens à lui pendant l’approche avec quel coup que ce soit – un coup de bas ou un coup de haut – alors laisse toujours la pointe se projeter au loin, dedans au visage ou à la poitrine avec le coup ; ainsi le forces tu à te parer ou à lier à ton épée ; et lorsqu’il a donc lié, demeure fermement avec le long tranchant sur l’épée et tiens-toi librement et examine [ce qu’il fait] et [les pièces] d’escrime qu'il veut immédiatement [exécuter] contre toi ; s’il se retire de l’épée, alors suis-le avec la pointe à l’ouverture ; s'il te frappe alentour en [quittant] l'épée de l’autre côté, alors lie avec force son coup après lui avec ton long-tranchant en haut dedans à la tête ; ou s'il ne veut ni se retirer de ton épée ni frapper alentour, alors oeuvre avec le doublement ou avec d’autres pièces, suivant que tu éprouves la mollesse ou la fermeté à l'épée.
Voici une autre garde qui se nomme également parloir. Retiens ceci : lorsque tu viens d’arriver pour t’escrimer contre lui pendant l'approche, alors place ton pied gauche devant et tiens-lui la pointe avec les bras [tendus] au loin, contre le visage ou la poitrine, poste-toi librement et observe ce qu’il veut employer contre toi. Te taille-t-il au loin, en haut dedans à la tête, alors lève et tourne l'épée contre son coup et estoque-le au visage. Ou bien, s'il te taille à l’épée et non au corps, alors change à travers et estoque-le de l'autre côté ; s'il te fait une entrée avec les bras hauts, alors effectue l’entaille inférieure ou bien fais-lui une traversée avec la lutte. Si ses bras sont bas, alors attends la lutte aux bras. Tu peux également effectuer toutes les pièces à partir de la longue pointe.
Juden Lew
(.. ici le zettel ..)
Item. Retiens ce que tu as entendu précédemment, c’est-à-dire comment tu dois te tenir avec l’épée devant [l’adversaire] dans les quatre gardes. Tu dois maintenant savoir que le parloir est une garde dans laquelle tu peux te tenir avec sécurité, et cette garde est la longue pointe qui est la plus noble et la meilleure défense à l’épée. Celui qui sait s’escrimer convenablement de [cette garde] pourra, grâce à elle, forcer [l’adversaire] à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant [la pointe], en venir aux coups, etc.
Item. Effectue ainsi le parloir : lorsque tu viens à lui pendant l’approche avec quel coup que ce soit – un coup de bas ou un coup de haut – alors laisse toujours la pointe se projeter au loin, dedans au visage ou à la poitrine avec le coup. Ainsi le forces-tu à te parer ou à lier ; et lorsqu’il a donc lié, demeure fermement avec le long-tranchant sur l’épée et tiens-toi joyeusement et examine [ce qu’il fait] et [les pièces] d’escrime qu'il veut immédiatement [exécuter] contre toi ; s’il se retire de l’épée, alors suis-le avec la pointe au visage ou à la poitrine. Ou bien, s'il te frappe alentour en [quittant] le liement de l’autre côté, alors entaille-le avec force par-dessus les bras et oeuvre-lui en haut dedans à la tête ; ou s'il ne veut ni se retirer de ton épée ni frapper alentour, alors oeuvre avec le doublement ou avec d’autres pièces, suivant que tu éprouves la mollesse ou la fermeté à l'épée, etc.
Item. Ainsi dois-tu [utiliser] le parloir, c’est-à dire deux gardes de la longue pointe, une à l’épée et l’autre devant [l’adversaire], avant que tu ne lies à son épée ou que les épées s’entrechoquent ensemble ; et ce n’est pourtant en soi rien d’autre qu’une garde.
Item. Je te le dis en vérité : la longue pointe est la défense la plus noble de l’épée, car grâce à elle, tu forces [l’adversaire] à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant [la pointe], en venir aux coups. C’est pourquoi tu dois avec chaque coup mener la pointe dedans à la poitrine ou au visage de [l’adversaire] et de là, sans attendre, exécuter estocs et frappes, etc.
Item. Retiens ceci : c’est également un parloir. Lorsque tu viens d’arriver pour t’escrimer contre lui pendant l'approche, alors place ton pied gauche devant et tiens-lui la pointe avec les bras [tendus] au loin, contre le visage ou la poitrine, avant d’avoir lié à l’épée, poste-toi joyeusement et observe ce qu’il veut employer contre toi. Te taille-t-il en haut dedans, alors lève et tourne l'épée contre son coup dans le boeuf et estoque-le au visage. Ou bien, s'il te taille à l’épée et non au corps, alors change à travers courageusement et estoque-le de l'autre côté. Ou alors, s'il te fait une entrée avec les bras hauts, alors effectue l’entaille inférieure. Ou si ses bras sont bas, alors attends la lutte. Tu peux également effectuer toutes les pièces à partir des bras [tendus] ; celle qui te convient le mieux, etc.
Hans von Speyer
(.. ici le zettel ..)
Item. Retiens ce que tu as entendu précédemment, c’est-à-dire comment tu dois te tenir avec l’épée devant [l’adversaire] dans les quatre gardes. Tu dois maintenant savoir que le parloir est une garde dans laquelle tu peux te tenir avec sécurité, et cette garde est la longue pointe qui est la plus noble et la meilleure défense à l’épée. Celui qui sait s’escrimer convenablement de [cette garde] pourra, grâce à elle, forcer [l’adversaire] à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant [la pointe], en venir aux coups.
Item. Effectue ainsi le parloir : lorsque tu viens à lui pendant l’approche avec quel coup que ce soit – un coup de bas ou un coup de haut – alors laisse toujours la pointe se projeter au loin, dedans au visage ou à la poitrine avec le coup. Ainsi le forces-tu à te parer ou à lier ; et lorsqu’il a donc lié, demeure fermement avec le long-tranchant sur l’épée et tiens-toi joyeusement et examine [ce qu’il fait] et [les pièces] d’escrime qu'il veut immédiatement [exécuter] contre toi ; s’il se retire de l’épée, alors suis-le avec la pointe au visage ou à la poitrine. Ou bien, s'il te frappe alentour en [quittant] le liement de l’autre côté, alors entaille-le avec force par-dessus les bras et oeuvre-lui en haut dedans à la tête ; ou s'il ne veut ni se retirer de ton épée ni frapper alentour, alors oeuvre avec le doublement ou avec d’autres pièces, suivant que tu éprouves la mollesse ou la fermeté à l'épée.
Item. Ainsi dois-tu [utiliser] le parloir, c’est-à dire deux gardes de la longue pointe, une à l’épée et l’autre devant [l’adversaire], avant que tu ne lies à son épée ou que les épées s’entrechoquent ensemble ; et ce n’est pourtant en soi rien d’autre qu’une garde.
Item. Je te le dis en vérité : la longue pointe est la défense la plus noble de l’épée, car grâce à elle, tu forces [l’adversaire] à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant [la pointe], en venir aux coups. C’est pourquoi tu dois avec chaque coup mener la pointe dedans à la poitrine ou au visage de [l’adversaire] et de là, sans attendre, exécuter estocs et frappes.
Item. Retiens ceci : c’est également un parloir. Lorsque tu viens d’arriver pour t’escrimer contre lui pendant l'approche, alors place ton pied gauche devant et tiens-lui la pointe avec les bras [tendus] au loin, contre le visage ou la poitrine, avant d’avoir lié à l’épée, poste-toi joyeusement et observe ce qu’il veut employer contre toi. Te taille-t-il en haut dedans, alors lève et tourne l'épée contre son coup dans le boeuf et estoque-le au visage. Ou bien, s'il te taille à l’épée et non au corps, alors change à travers courageusement et estoque-le de l'autre côté. Ou alors, s'il te fait une entrée avec les bras hauts, alors effectue l’entaille inférieure. Ou si ses bras sont bas, alors attends la lutte. Tu peux également effectuer toutes les pièces à partir des bras [tendus] ; celle qui te convient le mieux.