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Section 0 : Présentation de l'art du combat à l'épée longue

Différents traités commencent par une introduction avant de commencer la glose du poème de Liechtenauer :

Le texte de Ringeck bénéficie de deux traductions différentes, la seconde probablement plus récente a servi à être comparé à l'introduction de Hans Medel.

En effet les introductions de Ringeck et de Medel sont très semblables. La comparaison de ces introductions permettent de voir que "Sigmund Ringeck" et "Sigmund Schining" désigne probablement la même personne, puisque toutes deux seraient "maître d'armes de son altesse Albrecht, comte palatin du Rhin et duc de Bavière". Paulus Kal le désigne probablement, sous le nom de Sigmund Amring, comme un des 17 membre de La société de Liechtenaeur (Gesellschaft Liechtenauers).

Le fait que Ringeck soit actuellement soit maitre d'armes auprès d'une personnalité permet de dater son texte (voir sur le wiki AMHE vers le milieu du XVème siècle, dans les limites 1438 et 1452. Les lives contenant son textes sont souvent des copies bien plus tardive. La copie de son introduction par Medel n'a d'ailleurs pas de sens, puisqu'il est toujours indiqué que Ringeck est actuellement maitre d'armes, alors que le traité de Medel date de 1538.

L'introduction de Medel se distingue de celle de Ringeck par l'ajout de cette phrase : "Après cela, [l'art] sera complété et amélioré par d'autres maîtres, en particulier maître Hans Medel de Saltzbourg ; c'est ce qui suit ci-après.".

L'introduction du Ms3227a est quant à elle bien différentes et apporte déjà une description de l'escrime de Liechtenauer dont il faudra tenir compte. Prenez le temps de la lire. En plus de founir le style d'escrime, on y apprend que l'art de Liechtenauer concernerait aussi le combat en armure et à cheval.

Introduction chez Sigmund Ringeck (traduction ARDAMHE) :

Ici commence l'interprétation du recueil, dans lequel se trouve écrit l'art chevaleresque de l'épée longue, imaginé et composé par Johannes Liechtenauer qui a été un grand maître de l'art, que Dieu le bénisse. Ce recueil fut écrit avec des mots secrets et hermétiques afin que son art ne soit pas communément diffusé. Cette même expression secrète et hermétique fut plus tard interprétée, commentée et mise par écrit dans ce manuel par Sigmund Ringeck l'aîné, alors maître d'armes de son altesse Albrecht, comte palatin du Rhin et duc de Bavière. Tout escrimeur qui pourra l'entendre et le comprendre sera alors en mesure de combattre autrement.

Introduction chez Sigmund Ringeck (une autre traduction ARDAMHE, probablement plus récente) :

Folio 10v :

Ici commence le commentaire de l'épitomé, où est écrit l'art chevaleresque de l'épée longue, imaginé et composé par Johannes Liechtenauer qui fut un grand maître de l'art – que Dieu le bénisse. Il a fait écrire ce recueil avec des mots secrets et hermétiques afin que son art ne fût pas communément diffusé. Ces même mots secrets et hermétiques ont été glosés et commentés par Sigmund Ringeck l'aîné, actuellement maître d'armes de son altesse Albrecht, comte palatin du Rhin et duc de Bavière. Tout cela a été mis par écrit dans ce traité de manière à ce que tout escrimeur puisse entendre et comprendre ces mots et combattre autrement [mieux].

Introduction chez Hans Medel (traduction ARDAMHE) :

Folio 21r:

Ici commence le commentaire de l'épitomé, où est écrit l'art chevaleresque de l'épée longue, imaginé et composé par Johannes Liechtenauer qui fut un grand maître de l'art – que Dieu le bénisse. Il a fait écrire ce recueil avec des mots secrets et hermétiques afin que son art ne fût pas communément diffusé. Ces même mots secrets et hermétiques ont été glosés et commentés par maître Sigmund Schining, qui est actuellement maître d'armes de son altesse Albrecht, comte palatin du Rhin et duc de Bavière.* *Tout cela a été mis par écrit dans ce traité de manière à ce que tout escrimeur puisse entendre et comprendre ces mots et combattre autrement [mieux]. Après cela, [l'art] sera complété et amélioré par d'autres maîtres, en particulier maître Hans Medel de Saltzbourg ; c'est ce qui suit ci-après.

Introduction dans le Ms 3227a (traduction ARDAMHE)

Folio 13v :

Voici de maître Liechtenauer l'art de combattre avec l'épée, à pied ou à cheval, sans armure ou revêtu d'un harnois. Avant toutes choses dois-tu retenir et savoir que l'art de l'épée est unique. Découvert et inventé il y a des siècles, il constitue le fondement et le cœur de tous les Arts du Combat. Maître Liechtenauer l'a possédé et pratiqué de façon entière et véritable ; non pas qu'il l'ait inventé et découvert lui-même, comme dit précédemment, mais il a recherché et parcouru maints pays, poussé par le désir de connaître et de parfaire lui aussi cet art juste et véritable ; et ce dit art est sérieux, véritablement et totalement. Il emprunte toujours la voie la plus courte et la plus immédiate, et chemine en une ligne bien droite, comme si l'on nouait un fil au tranchant ou à la pointe de l'épée d'un homme qui veut en attaquer un autre de taille ou d'estoc, et, qu'en tirant sur ce fil, l'on mène ce tranchant ou cette pointe sur l'une des ouvertures.

Folio 14r :

Car l'estoc et la taille ne sont victorieux que lorsqu'ils vont au plus court et au plus sûr, autant que possible. Cela est le cas lorsque cette escrime juste ne se mêle pas de questions d'esthétique et de spectaculaire, au contraire de ces gens qui perdent leur temps à brasser de l'air. Ainsi, trouve-t-on encore certains maîtres à danser qui disent avoir inventé et découvert par eux-mêmes un art nouveau, et prétendent aussi que l'art du combat s'améliore et se complète de jour en jour. Toutefois, je voudrais bien voir un homme qui inventât et pratiquât un coup ou une technique qui ne fît pas déjà partie de l'art de Liechtenauer. Bien souvent, en souhaitant changer et transformer une technique, ils se contentent de lui trouver un nouveau nom, chacun selon sa fantaisie. Ils n'inventent ainsi qu'une escrime bonne pour le spectacle et le brassage d’air. Souvent, avant de porter un coup, ils en donnent délibérément deux ou trois autres dans le vide, uniquement pour le paraître, dans l'espoir qu'en paradant joliment et s'escrimaillant ainsi, ils seront loués par les ignorants. Lorsqu'ils se mettent en posture pour combattre, ils portent d'une façon lente et paresseuse des coups larges et amples qu’ils ratent exagérément, et ce faisant ils sont ralentis et offrent de vastes ouvertures.